Le point culminant de notre séjour au Maroc a été le Mont Rhat, 3 797 m. Il fait partie des trois montagnes marocaines les plus riches en gravures rupestres, offrant des paysages majestueux… et beaucoup de cailloux qui ont roulé sous nos pieds ! Ce jour-là, je crois que nous rêvions tous d’un tapis d’herbe moelleuse. Heureusement, la halte du soir chez l’habitant nous a offert la douceur des tapis tissés à la main, et l’huile d’arnica avec quelques gouttes de gaulthérie a fini de nous remettre sur pieds pour poursuivre notre périple.
C’est quoi cette idée du sommet à tous prix ? De retour ce matin de Chamonix, j’y ai croisé sur les sentiers deux types de randonneurs (pour faire court). Ceux qui partent léger, courent et sont connectés. Et ceux qui baguenaudent. Entre les deux, d’autres profils.
Un jour, j’ai été de ceux qui voulaient ajouter un sommet à leur palmarès (dire qu’ils ont fait le Buet ou tenté le Mont Blanc), avoir le bon matériel, celui qui te permet d’être performant. Le bon sac à dos, LES chaussures, les barres énergétiques… un sacré bordel !
Aujourd’hui, je suis de celles et ceux qui ont pris mille et un plaisirs à monter jusqu’au sommet puis à en redescendre, à une allure relativement lente, mais soutenue. Ce Mont Rhat, il a été comme une gourmandise dont on ne veut pas qu’elle se finisse (enfin un peu quand même car la descente a été looooongue!). On sait quand on est parti, après une nuit froide et ventée où le repos n’a pas permis de bien recharger les batteries. On ne savait pas à quelle heure on serait au sommet… En cliquant sur les propriétés du fichier, je retrouve cette heure mais peu importe. Je me moque d’avoir fait ce sommet. J’y étais, c’est sûr.
Ce dont je me rappelle, c’est cette joie à y être, à embrasser le panorama, et cette étreinte amicale… « on y est, ma Guillemette !! ». Ce qui était un rêve quelques mois auparavant est devenu réalité. Et la seule réalité, c’était tout ce cheminement pour y arriver. Et les jours qui allaient suivre encore. Le sommet en lui-même n’était qu’un passage, pas une fin en soi.
Cheminez, vous verrez comme c’est beau !
La lenteur de la marche, sa régularité, cela allonge considérablement la journée. Et en ne faisant que mettre un pied devant l’autre, vous verrez que vous aurez étiré démesurément les heures. De sorte qu’on vit plus longtemps en marchant, au sens où dans la marche, le temps ralentit, il prend une respiration plus ample.
Frédéric Gros
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