Une collègue pousse la porte du CDI. On est vendredi soir, le collège s’est vidé à une vitesse folle. Tout est calme.
– Tu aurais ce livre ? me lance-t-elle en me donnant le titre
– Ça me dit quelque chose…
Je file sur e-sidoc, je le trouve bien rangé dans son rayon (tiens celui-ci n’a pas été victime d’un petit rat de bibliothèque qui aurait eu envie de blaguer), et je lui tends.
– Je voudrais que mon fils le lise, qu’on le lise ensemble… une de mes voisines vient de perdre son mari, et toute son histoire à elle lui est revenue en mémoire. Ses enfants l’ont questionnée sur son mariage. Le fils de ma collègue a compris que ça avait été un mariage forcé/obligé.
Elle me laisse avec ce bout d’histoire, je me sens démunie sans le livre pour continuer à comprendre… quelques jours après elle revient avec. Elle me dit qu’il a répondu à ses attentes, ça ne parle de personne en particulier, d’aucun pays, d’aucune religion… et pourtant tout est là. Son fils l’a lu, ils ont pu parler ensemble de ce qu’était le mariage forcé, le viol…
A mon tour de le lire, d’être bouleversée, de me rappeler cette amie que j’avais moi aussi au collège et qui un jour n’est pas rentrée de vacances.
Sur Babelio où je tente de rassembler mon éparse bibliothèque, j’ai ajouté ma critique : « C’est ici, ailleurs ou même là. C’est une histoire ancrée dans la réalité d’aujourd’hui et en même temps si ancestrale. Un récit de femmes, la liberté d’une seule pour un peu d’espoir à distribuer aux autres. Un récit qui démarre joyeusement, lentement et qui enfle de colère, de tristesse mais sans résignation pour que la Liberté continue d’exister. Court et intense. Bouleversant ! »
Merci chère collègue de m’avoir mis ce livre entre les mains, à moi d’en devenir la passeuse !
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